Méditation du 5 novembre 2018

(Luc 14, 12-14)

                Nous avons décidément, nous les hommes, un sens étroit de la justice, surtout quand nous attendons un remboursement ou un merci « sonnant et trébuchant » pour un service rendu ; Jésus veut nous guérir de cette maladie native que nous cultivons « au nom de la justice ». Nous n’avons que le temps…Permettons à Dieu de « voir » les choses à l’échelle de l’éternité…

            Qu’est-ce donc que la « résurrection des justes » ? Ceux qui auront été sur terre « justes », c’est-à-dire conformes à la sainteté de Dieu, seront comblés, au-delà de toute imagination humaine, par la Présence de Dieu, « Dieu tout en tous » (1Co 15, 28). Il n’y aura plus de « prêté » ou « rendu », comme pour nos dettes sur la terre. Plus « d’équivalent ! ».

            Ferons-nous le choix que saint Augustin conseillait en ces termes dans son commentaire du psaume 121 ? « Ceux qui sont pauvres ici, là-haut sont riches. D'où vient leur richesse ? De ce qu'ils ont donné ici les biens qu'ils avaient pour un temps reçus de Dieu ; là ils reçoivent ce que Dieu leur donne pour l'éternité. »

            Nous retrouvons là une parabole citée par l’Evangile de Luc, celle du pauvre Lazare et du riche qui ne lui donne même pas les miettes tombées de la table. Au ciel, la situation se trouve inversée irrémédiablement.

            « Plus qu’un moment », ce sera un moment de plénitude. Ne cherchons pas l’instant où cela se produira ! Jésus a déjà prévenu de se tenir « prêts »…La résurrection des justes est à comprendre selon ce que Saint Paul dit dans le chapitre 15 de la Première Epitre aux Corinthiens…Essayons de penser « selon l’éternité », comme si nous étions « hors du temps ».

            L’invitation est donc lancée à cultiver le désintéressement ; Faisons-nous ceci ou cela pour en tirer une gloire, un merci ou un « remboursement » quelconque ? En ce cas, nous risquons fort d’entendre Jésus nous redire : « Ceux-là ont reçu leur récompense. » (Matthieu 6, 2).

             « Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » (Luc 6, 38). Appliquons ces mots en pensant à la « résurrection des justes » !