Méditation du 28 décembre 2018

(Matthieu 2, 13-18)

            Rachel pleure ses enfants, parce qu’ils ne sont plus. Dieu entend le cri silencieux des enfants que les hommes suppriment. Toute l’humanité pleure sur le crime des adultes qui n’ont pas pitié des innocents, depuis Hérode (pourtant appelé le Grand) jusqu’aux parents qui ne reculent pas devant l’infanticide, de quelque manière qu’il soit pratiqué.

            On sait que ce récit s’appuie sur le meurtre de la première épouse d’Hérode, Marianne, d’ascendance asmonéenne, et des enfants qu’il avait eus d’elle, et ce afin d’établir Archélaüs, Antipas et Philippe dont les Evangiles nous parlent, et qui sont contemporains de Jésus. Le premier, qui inspira la crainte à Joseph, lors du retour d’Egypte, se rendit si cruel et impopulaire que les Romains l’exilèrent en Gaule quelques années plus tard.

            L’Eglise a honoré du titre de « martyrs » les Saints Innocents, et, d’après saint Bernard, très tôt.

            « Demanderez-vous pour quels mérites ces enfants ont été couronnés de la main de Dieu ? Demandez plutôt à Hérode pour quels crimes ils ont été cruellement massacrés. La bonté du Sauveur sera-t-elle vaincue par la barbarie d'Hérode ? Ce roi impie a pu mettre à mort des enfants innocents, et Jésus-Christ ne pourrait pas donner la vie éternelle à ceux qui ne sont morts qu'à cause de Lui ? Les yeux de l'homme ou de l'ange ne découvrent aucun mérite dans ces tendres créatures ; mais la grâce divine s'est plu à les enrichir, aussi l'Église a-t-elle établi leur fête au plus tard dès le second siècle. »

            Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith STEIN) écrivait dans sa « Méditation pour le 6 janvier 1941 »* à propos des Saints Innocents :

             « C'est ainsi qu'ils sont l'image de la plus extrême pauvreté. Ils ne possèdent nul autre bien que leur vie. Et maintenant elle leur est prise aussi et cela s'accomplit sans qu'ils résistent. Ils entourent la crèche pour nous montrer de quelle nature est la myrrhe que nous devons offrir à l'Enfant divin : celui qui veut lui appartenir totalement doit se livrer à lui dans un total dessaisissement de soi-même et s'abandonner au bon vouloir divin comme ces enfants. »

            *Sept mois plus tard (9 août 1941), elle était à son tour martyre.