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Pour vivre le dé-confinement !
La pensée de René Girard par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
La pensée de René Girard par l'abbé Alexandre-Marie Robineau
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La pensée de René Girard par l'abbé Alexandre-Marie Robineau

Pour nous aider à mieux entrer dans le mystère du Christ en cette Semaine Sainte.

 

BIOGRAPHIE

René Girard, est né en Avignon le 25 décembre 1923, ancien élève de l'Ecole des Chartes, a fait toute sa carrière universitaire aux Etats Unis comme professeur de littérature comparée. Il a enseigné dans plusieurs universités américaines, notamment à John Hopkins University (de 1957 à 1968 et de 1976 à 1980) et à Stanford University (de 1980 à 1995), où il a terminé sa carrière comme professeur émérite. Il a été élu à l'Académie Française en décembre 2005. 

Il est l’inventeur de la théorie mimétique qui, à partir de la découverte du caractère mimétique du désir, a jeté les bases d’une nouvelle anthropologie. Il se définit lui-même comme un anthropologue de la violence et du religieux.

Le premier livre de René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, publié en 1961, met au jour les ressorts du « désir triangulaire », à travers une approche de grandes œuvres romanesques (de Cervantès à Proust). Ses intuitions sur le « désir mimétique » lui permettent d’élaborer une anthropologie comparée des grandes formes du religieux archaïque : la question du mécanisme victimaire fait ainsi l'objet de son second livre, La Violence et le sacré, publié en 1972.

Dans Des Choses cachées depuis la fondation du monde (1978), il entreprend, en récapitulant les grands acquis de sa recherche,  d'exposer pour la première fois la puissance inspiratrice des textes bibliques dans son travail d'anthropologue. Ses ouvrages ultérieurs approfondiront les thèmes essentiels de sa recherche en faisant une lecture anthropologique de l'Ancien et du Nouveau Testaments (Le Bouc émissaire, La Route antique des hommes pervers, Je vois Satan tomber comme l'éclair, etc) mais aussi du théâtre de Shakespeare en 1990 (Les Feux de l'envie).

En 2007, René Girard ouvre une quatrième étape de son travail, avec Achever Clausewitz : il y démontre que la théorie mimétique peut devenir une clé décisive pour interpréter les phénomènes de la violence contemporaine.

RenéGirard est décédé à Stanford le 4 novembre 2015.

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olivier CORNU | 21/04/2020 22:44

Bonsoir, Je viens de regarder cette video très intéressante en cherchant à visionner un témoignage de René Girard en ces temps de confinement et de réflexion. J'ai bien aimé votre première partie qui résume bien ce que j'avais retenu des lectures et vidéos de Réné Girard. J'ai eu plus de mal sur votre tentative de démonstration sur la nécéssité de la lithurgie et des différents rites chrétiens pour faire vire le message originel. Autant je partage profondément l'analyse de René Girard sur l'importance incomparable du christianisme dans la longue histoire de l'humanité, autant la pratique religieuse ou le message des religieux me parait par certains aspects éloigné du message fondateur et originel. D'ailleurs René Girard dans un de ces entretiens analyse la disparition du christ après sa crucifiction non pas comme un phénomène surnaturel digne d'un récit de science fiction mais comme un message clairement envoyé aux cultures ou aux esprits "primitifs" pour leur signifier qu'il est définitevement vain de sacrifier un bouc émissaire innocent...Pourquoi les interprétations qui ensuite ont été faites et qui persistent aux travers de la religion ne reviennent- elles pas à ces simples messages pour mieux faire vivre les fondamentaux : l'amour , la tolérance et le pardon entre les hommes est la seule voie de l'épanouissement des hommes et des sociétés. Ne croyez-vous pas que les religieux et les hiérarchies religieuses pourraient encore révolutionner le culte afin que le message originel et universel soit plus simple, lisible et percole plus efficacement face à l'obscurantisme, et à l'essor spectaculaire de la culture du bouc émissaire sur la planète qu'a si bien analysé René Girard. Encore merci pour ce moment de réflexion. Olivier CORNU

Père Alexandre-Marie ROBINEAU | 23/04/2020 18:15

Bien cher M. Olivier CORNU, Merci pour vos remarques et votre commentaire. René Girard lui-même est devenu ou plutôt est redevenu catholique à la suite de ses recherches et de ses découvertes, et même catholique conservateur voire traditionaliste sur les bords, dans le bon sens du terme... Et il a évolué dans sa pensée notamment dans sa définition de "sacrifice" pour revenir à une conception chrétienne et catholique qu'il avait auparavant méprisé, et pour finir plutôt dans une forme de flou sur cette question, ou du moins en laissant ouverte la suite de la recherche... Je comprends votre réaction qui est très "moderne" et actuelle... Et si je vous comprends bien et si je ne me trompe pas en vous lisant, vous pensez que Jésus est d'un grand niveau spirituel et intellectuel, notamment en révélant ce système de bouc-émissaire et qu'il faut s'appuyer sur ses paroles et ses gestes d'amour, de respect, de partage, pour que tout aille mieux ! Et ce sera déjà beaucoup !! En réalité, les paroles et les gestes de Jésus nous sont connus et révélés parce que Jésus est ressuscité et que dans sa mort et sa résurrection tous ses gestes et toutes ses paroles prennent sens, sinon c'est absurde et cela ne conduit à rien sinon à une bonne morale pour bien vivre, et encore ! Il n'y a pas de "Jésus historique" en-dehors des Ecritures et de la connaissance chrétienne par et dans l'Eglise... Et la Vérité du Christ est une Révélation qui vient de Dieu, et que l'homme seul pris dans son engrenage peccamineux et mortifère n'aurait jamais pu trouver et arrêter ! Je peux vous assurer qu'en entrant dans la théologie chrétienne et catholique tout se tient et l'unité du mystère est très éclairant et stimulant... René Girard y est entré par sa "porte particulière" et il a découvert tout le reste : tout se tient et a sa logique propre ! L'Eglise a conscience qu'elle doit sans cesse se réformer d'où l'adage ancien et traditionnel : "Ecclesia semper reformans" : l'Eglise est toujours en réforme, afin de réformer ce qui doit l'être (les traditions humaines) pour conserver le coeur : la Tradition qui vient de la Parole de Dieu ! Le risque et le danger c'est toujours de chercher à séduire, à plaire aux modes du temps et du moment, à être dans le vent, et à vouloir tout changer en enlevant ou défigurant le coeur du coeur ! Au final, c'est bien la conscience d'être un enfant de Dieu, pécheur et pardonné, qui permet d'être en une juste attitude vis-à-vis de Dieu, et des autres, et de soi-même ! Cette humilité fondamentale pousse au vrai repentir, à la conscience de son péché (désirs mimétiques faux, blessure de sa liberté, impureté de son amour) et à l'expérience fondamentale du pardon qui est une Pâque : une mort et une résurrection ! Un passage de l'esclavage de la violence vers la liberté du pardon et de l'amour vrai ! Et c'est le Christ vrai homme et vrai Dieu qui nous montre le passage et le chemin vers cette vie éternelle qui commence dès maintenant ! La seule et vraie révolution est celle du coeur ! Le message du Christ n'est pas seulement une belle et bonne morale humaine, mais c'est un mystère, c'est-à-dire ce qu'on n'a jamais fini de comprendre... C'est donc un chemin à prendre résolument où les bonnes intentions ne suffisent pas ("l'enfer est pavé de bonnes intentions") et où seule la conversion de chaque jour du coeur dans le combat spirituel permet un vrai amour et un vrai pardon qui viennent de la grâce de Dieu et non pas des efforts humains... En espérant avoir pu répondre en partie à vos questions et vos remarques...

Père Alexandre-Marie ROBINEAU | 24/04/2020 08:49

Bonjour M. Olivier Cornu, Permettez-moi de compléter ma réponse... Car il y a une limite à la pensée de René Girard ou du moins une limite à l'interprétation qui peut en être faite... Beaucoup, un peu comme vous, arrivent à la conclusion que les hommes n'ont qu'à sortir par eux-mêmes et leurs efforts de ce système de mimétisme, de violence et de bouc-émissaire pour que le monde aille mieux et soit en paix... Et effectivement, on peut arriver facilement à cette conclusion, surtout après la lecture d'"Achever Clausewitz", un des derniers livres de René Girard. Mais là c'est une tentation et un grand danger... Tous les systèmes "millénaristes" et leurs successeurs que ce soit dans le spirituel, le politique, le militaire ou le prolétaire (notamment le nazisme et le communisme), et d'autres, voulant faire le "paradis sur terre" par les seules forces humaines n'ont réussi qu'à anticiper l'enfer sur terre, en tuant l'homme concret et réel afin de pouvoir réaliser l'idéal d'une humanité rêvée ! Ils se sont pris pour Dieu lui-même, avec d'excellentes intentions parfois, mais sont arrivés à l'inverse de ce qu'ils pensaient et voulaient... Il faut donc bien avoir en tête et dans le coeur, que sans Dieu, l'homme ne peut au final, rien faire de bon et de bien ! Que l'humanité blessée a tendance à tout pervertir... Et il faut donc humblement se situer sous le regard de Dieu et tout faire qui dépende de soi en sachant que rien ne peut se faire sans Dieu, et sans la grâce de Dieu qui seule peut vraiment toucher et changer le coeur de l'homme ! Cette grâce divine est première et essentielle pour entrer dans une vraie et profonde dynamique de pardon et de paix... Et ainsi, la vie de prière, la liturgie, les sacrements, les rites chrétiens sont là pour nous aider à entrer dans cette relation avec Dieu, où humblement nous recevons tout de Dieu pour, ensuite, mieux agir selon sa volonté et son amour... C'est donc toujours, au final, Dieu qui en nous et par nous, peut changer le monde en changeant le cœur des hommes...