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Homélies paroissiales
Homélie de la messe Chrismale du 25 mai 2020 par Mgr Jacolin et photos de la célébration.
Homélie de la messe Chrismale du 25 mai 2020 par Mgr Jacolin et photos de la célébration.
© David Fugère Photographe Vendée

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Homélie de la messe Chrismale du 25 mai 2020 par Mgr Jacolin et photos de la célébration.

la feuille de messe en téléchargement ci-dessous

L'homélie de Mgr Jacolin

"L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres…"

En cette prophétie d’Isaïe, le Christ reconnait l’annonce de sa propre consécration en vue de la réalisation de la mission qui est la sienne : «proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres… ». Or, par l’onction de l’huile du Saint-Chrême à notre baptême et à notre confirmation nous sommes devenus « chrétiens », « disciples-missionnaires », consacrés nous-mêmes dans le Christ pour être associés à la mission confiée à Jésus par son Père : «proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres… ».

Mais comment « proclamer la bonne nouvelle aux pauvres » si nous ne commençons pas par nous mettre à leur service ? Jésus nous avertit : c’est sur le service concret que nous aurons rendu (ou pas rendu !) à ceux qui sont dans la détresse que nous serons jugés au dernier jour : "Venez les bénis de mon Père… J’avais faim et vous m’avez donné à manger…".

Je me souviens de ce témoignage d’un ancien pasteur évangélique qui n’avait auparavant que mépris pour l’Eglise catholique. En mission en Afrique il allait annoncer l’Evangile aux détenus d’une prison surpeuplée avec toute la fougue d’un bon pasteur évangélique, jusqu’au jour où il réalisa que les seuls à soigner les malades et les mourants dans cette prison étaient des religieuses catholiques. Cela a été le premier déclic qui l’amena à rejoindre plus tard l’Eglise catholique.

Comprenez-moi bien. Je ne prétends pas que les catholiques aient le monopole du service des pauvres. Mais je veux seulement rappeler que cette charité de solidarité est fondamentale pour que celui qui annonce l’Evangile aux pauvres ne soit pas « qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante ».  

Mais il ne s’agit pas d’opposer le service de la charité et l’annonce de l’Evangile : loin de s’opposer ils se confortent l’un l’autre, car c’est bien par amour pour l’autre que l’on est poussé à lui annoncer l’Evangile.

Rappelons-nous les fortes paroles de notre Pape dans « la joie de l’Evangile » :

« La pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle. L’immense majorité des pauvres a une ouverture particulière à la foi ; ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la foi. L’option préférentielle pour les pauvres doit se traduire principalement par une attention religieuse privilégiée et prioritaire. »

Les pauvres, contrairement à ce qu’on croit parfois, ne demandent pas un Evangile au rabais, édulcoré, affadi pour qu’il soit plus facile à digérer. Ils ont faim d’une nourriture à la fois simple et consistante, contenant toute la force vivifiante de l’Evangile.

Ecoutons ce que déclarait récemment l’un d’eux :

Les pauvres, il faut les aider dans la foi en Dieu pour qu'ils connaissent mieux Dieu, pour ne pas oublier Dieu et Jésus. Il faut leur donner la nourriture de Dieu, pas seulement la nourriture à manger. Il faut les deux. Ils ont besoin d'être encouragés dans leur foi. Il ne faut pas s'inquiéter de l'argent. Sans foi, sans rien, on est perdu. La nourriture spirituelle ça compte beaucoup, c'est la survie. Si on n'a pas la foi en Dieu, on est perdu, on meurt. Il faut tenir le besoin de nourriture et le besoin spirituel.

La solidarité avec les pauvres et l’annonce de l’Evangile aux pauvres vont de pair pour les disciples-missionnaires que nous sommes par notre baptême. Il est faux et mortifère d’opposer l’une à l’autre ces deux attitudes qui sont les deux faces d’une même réalité.

Encore faut-il aussi faire vraiment place aux pauvres dans nos communautés chrétiennes. Saint Jacques, constatant qu’on ne leur concédait tout au plus qu’un strapontin dans les assemblées chrétiennes, s’écrie dans une sainte colère : "Vous avez privé le pauvre de sa dignité !".

Il est facile de parler des pauvres comme je le fais maintenant, il est plus difficile de se rendre proches d’eux. Cela demande une vigilance sans cesse à renouveler, car les pauvres, ce sont ceux que l’on a tendance à ne pas voir et donc à laisser de côté. Aller vers les pauvres pour leur annoncer l’Evangile, c’est avant tout se rendre proche d’eux à l’image du Christ lui-même qui s’est fait pauvre parmi les pauvres pour nous ouvrir à la seule vraie richesse qui est celle de l’amour qui vient de Dieu. Saint Paul nous le rappelle dans une de ses lettres :

Vous connaissez la générosité de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui était riche, il est devenu pauvre à cause de vous pour que vous deveniez riches par sa pauvreté.

Je veux rendre hommage à ceux et celles qui au jour le jour – en particulier dans cette période de confinement que nous venons de connaître, encore plus difficile à vivre pour les pauvres – se rendent proches des plus pauvres et leur annoncent la joie de l’Evangile. Mais, dans nos soucis ecclésiaux et nos querelles internes, savons-nous reconnaître aussi les petits signes qui indiquent qu’aujourd’hui en Vendée « les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».   

La messe chrismale est une belle célébration et le saint-chrême un beau symbole de la transmission à travers les siècles de la mission de Jésus dans l’Eglise. Mais cela sonnerait creux si nous ne vivions pas aujourd’hui cette mission en nous laissant conduire par l’Esprit Saint pour être, en Jésus « consacrés et envoyés proclamer la Bonne Nouvelle aux pauvres ! »

+ Mgr François Jacolin

Evêque de Luçon

 

La messe Chrismale : qu'est-ce que c'est ?

La messe chrismale a lieu traditionnellement durant la Semaine Sainte.

Cette année, à cause des règles strictes du confinement, elle est décalée au lundi 25 mai, période du temps pascale. 

Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les autres huiles saintes et consacre le Saint Chrême.

Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Au cours de cette messe qui manifeste l’unité de toute l’Église diocésaine autour de son évêque, les prêtres renouvellent leurs promesses sacerdotales :

vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus, chercher à lui ressembler, renoncer à eux-mêmes, être fidèles aux engagements attachés à la charge ministérielle, célébrer les sacrements, annoncer la Parole de Dieu avec désintéressement et charité. (1)

 (1) Source : Eglise Catholique

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